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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 12:28

EXPOSITION INTERNATIONALE : « Patrimoine Culturel Oral et Immatériel de                                                                    l’Humanité en Pays d’Islam »

                                                                                    Par : SOUFI  BERREZK  ALLAH

Le patrimoine culturel oral et immatériel : Miroir de la diversité culturelle

L’exposition « Patrimoine culturel oral et immatériel de l’humanité en pays d’Islam », organisée dans le cadre de la manifestation « Tlemcen, capitale de la culture islamique » au Musée de Tlemcen avec la participation de dix pays, a été riche et variée en arts et spectacles comme la danse, la musique et le théâtre traditionnel. C’était un événement culturel de haute facture et le public, venu en grand nombre a pu découvrir les pratiques sociales, les rituels, les événements festifs, le savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel, les instruments ancestraux de musique et les arts dramatiques très anciens. Ce patrimoine immatériel fait de musiques, de productions littéraires, de cérémonies et rituels, de gestes et gestuelles, a été conservé au fil des siècles grâce à la sollicitation de la mémoire collective, de la mémoire individuelle mais surtout de la mémoire sociale. Il exprime donc l’univers culturel et symbolique des communautés culturelles qui en connaissent l’essence et en savent parfaitement le sens. Ce sont elles qui le perpétuent et le reproduisent, invariant et transformé tout à la fois. Ainsi les Azerbaidjanais, les indonésiens, lés Tadjiks, les Bengalais, les Marocains, lés Yéménites, les Jordaniens, les Egyptiens, les palestiniens, les Irakiens et les Algériens ont, au cours de leurs expositions  étalé au grand jour leur savoir –faire traditionnel et séduit le large public par leurs représentations artistiques musicales et dramatiques. Cette mosaïque culturelle a permis de découvrir des instruments et des pièces traditionnelles inscrites au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO  à l’image du tapis azerbaidjanais et kashanais, l’instrument de musique « Angklung indonésien », le « Batik indonésien »,un tissu en coton et soie porté par les indonésiens depuis le début de leur existence jusqu’à leur mort ,tissé par les techniques traditionnelles et peint à la main, l’espace culturel marocain de la place Djemaa el –Fna, le Kris indonésien, une sorte de digue asymétrique et très caractéristique en Indonésie mais aussi les arts dramatiques rituels comme le Ta’ziye et les musiques ancestrales à l’image de l’art des Ashiqs et le Katta Ashula d’Azeabaidjan, les chants yéménites de Sanna appelé également « al ghina al san’ani », les chants des Baul du Bengladesh qui sont des ménestrels mystiques qui vivent en milieu rural et dont le mouvement Baul a atteint son apogée au 19 ème siècles et connait actuellement un regain de popularité apurés des populations rurales, le Mugham azerbaidjanais qui est un genre musical se prêtant à un haut degré d’improvisation, le diwan algériens et marocain, la musique indonésienne ancienne ainsi que la musique populaire égyptienne et jordanienne et enfin les danses populaires traditionnelles de tous les pays participants à ce grand forum culturel  qui se voulait un espace d’échangés et d’expressions des pratiques de toutes ces communautés cultuelles qui sont préservé ce patrimoine ,transmis de génération en génération et contribué à leur procurer un sentiment d’identité et de continuité ,établissant ainsi un lien entre le passé et ,à travers le présent, leur futur. Tout comme la culture en général, le patrimoine immatériel évolue constamment, et se trouve enrichi par cheque nouvelle génération .De nouvelles expressions et manifestations du patrimoine culturel immatériel sont aujourd’hui menacées, mises en péril par la mondialisation et l’uniformisation mais aussi par un manque de soutien, d’appréciations et de compréhension. C’est dans cette optique qu’a été organisée cette grande exposition internationale en fixant les objectifs de sa vulgarisation et la sensibilisation citoyenne pour sa sauvegarde et sa préservation car il fait partie de l’identité culturelle de chaque peuple.

TRADITIONS ET EXPRESSIONS ORALES :

L’art du Meddah :

Tares répandu en Algérien, au Maroc, en Egypte et en Turquie, l’art du Meddah a été inscrit en 2008 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. C’est une forme d’art dramatique interprétée par un acteur unique et pratiquée lors des cérémonies festives.Au fil des temps des genres narratifs similaires se sont multipliées et historiquement le rôle du Meddah était de distraire mais aussi d’éduquer le public. Ce sont aussi des conteurs que l’on pouvait entendre dans les caravansérails, les marchés, les places publiques et les cafés. Le terme Meddah, de l’arabe maddah « faire l’éloge de quelqu’un » peut se traduire par « conteur ».Il choisit des chants, des poèmes populaires, des adages, des romances, des légendes et des épopées populaires et les adapte au lieu et au public.

L’épopée Al-Sirah al- Hilaliyyah d’Egypte :

Ce poème oral ,également appelé « épopée Hilali » raconte l’histoire de la tribu de bédouins Bani-Hilal et sa migration au 10 ème siècle de la péninsule arabique jusqu’en Afrique du nord.Cette tribu a dominé pendant plus d’un siècle un vaste territoire dans le centre de l’Afrique du Nord avant d’être anéantie par ses rivaux marocains. De tous les grands poèmes épiques de la tradition populaire arabe, l’épopée Hilali est la seule à être encore interprétée dans sa forme musicale intégrale. Elle est chantée en vers par des poètes qui s’accompagnent d’un instrument à percussion ou d’un Rebbab ,un violon à pique à deux cordes et elle est interprétée à l’occasion des mariages ,de cérémonies de circoncisions ou de réunions privées et peut durer plusieurs jours. Elle est inscrite depuis 2008 à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

La Hikayate palestinienne :

C’est une forme de récit narratif pratiquée par les femmes et  ces récits fictifs ont évolué au fil des siècles. Ils évoquent  les préoccupations quotidiennes de la société et les problèmes familiaux. Critique de las société du point de vue des femmes, la hikaye dresse un tableau de la structure sociale touchant directement leur vie. Beaucoup de récits décrivent des femmes déchirées entre le devoir et le désir.Elle est racontée habituellement pendant les soirées d’hiver, lors d’événements spontanés et conviviaux réunissant de petits groupes de femmes et d’enfants et les hommes y assistent rarement car leur présence est considérée comme inconvenante. La narration tire sa force expressive du langage utilisé, de l’intonation, du rythme du discours et des effets de voix ainsi que de l’aptitude de la conteuse à captiver l’attention de l’auditoire pour le transformer dans un univers d’imagination et de fantaisie. Elle est inscrite depuis 2008 à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

ARTS ET SPECTACLES :

L’art des Ashiqs d’Azerbaidjan :

L’art des Ashiqs réunit poésie ,récits, danses, chants et musique instrumentale en une forme d’expression scénique traditionnelle qui constitue un symbole de la culture du peuple azerbaidjanais. Caractérise par l’accompagnement du saz, instrument de musique à cordes, le répertoire classique compte 200 chants et 150 compositions musicales et poétiques appelés « dastans », prés de 2000 poèmes de tout genre poétique et une multitude de récits.Les Ashiqs se produisent lors des mariages ,de réunions entre amis et d’événements festifs dans tout le Caucase, mais aussi dans les salles de concert et ils continuent d’enrichir leur répertoire en combinant mélodies classiques et mélodies contemporaines. Considéré comme emblématique de l’identité nationale, leur art est également perçu comme le gardien de la langue, de la littérature et de la musique azerbaidjanaises. Cet art est aussi inscrit dans la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Le chant de Sana’a ,Yémen :

Appelé également « Ghina al –san’ani »,il désigne un ensemble de chants appartenant à une riche tradition musicale pratiquée à travers tout le pays. Issu de diverses traditions poétiques datant des 14 ème siècles, il accompagne un certain nombre d’activités sociales telles la veillée de noces « samra » et le « maygal », rassemblement entre amis ou collègues qui a lieu chaque après midi. Les chants sont interprétés par un soliste accompagné de deux instruments anciens : le « qanbus »,luth yéménite, et le « sahn nahusi »,un plateau de cuivre que le musicien en équilibre sur ses pouces et tape doucement de ses huit autres doigts. Le répertoires poétique, écrit en dialectes yéménites et en arabe classique, regorge de jeux de mots et est empreint d’une profonde émotion. Lés textes des chants constituent le corpus poétique le plus vénéré et le plus souvent cité au Yémen bien qu’ils soient directement associés à la capitale Sanaa. Inscrit au patrimoine de l’humanité à partir de 2008.

Le Maqâm iraquien :

Largement reconnu comme la principale tradition de musique savante iraquienne, le Maqâm couvre un vaste répertoire de chants, accompagnés par des instruments traditionnels. Ce genre populaire est en outre une mine d’informations sur l’histoire musicale de la région et sur ses influences arabes qui ont dominé pendant des siècles.Il comprend des parties vocales improvisées s’appuyant sur un accompagnement rythmique et débouchant souvent sur un pot-pourri de couplets de chants. Tout le talent d’improvisation du chanteur principal « qar’i » consiste à engager un dialogue complexe avec l’orchestre « tshalghi » qui l’accompagne du début jusqu’à la fin. Les instruments typiques sont la cithare sur table santour , le jawzah,un violon à pique à 04 cordes ,le dumbek,un tambour au son grave ,et le daff ,un petit tambourin.Les récitals de Maqàm ont généralement lieu dans le cadre de réunions privées ,dans les cafés et les théâtres

L’Ahellil de Gourara :

L’Ahellil est un genre poétique et musical emblématique des Zénètes du Gourara, pratiqué lors des cérémonies collectives. Cette région du Sud-ouest algérien compte une centaine d’oasis peuplée de plus de 50 000 habitants d-origine berbère, arabe et soudanaise. L’Ahellil, localisé dans la partie berbérophone du Gourara, est régulièrement exécuté lors de fêtes religieuses et de pèlerinages, mais aussi à l’occasion de réjouissances profanes telles que mariages et foires locales. Etroitement lié au mode de vie des zénétes et à l’agriculture oasienne ,l’Ahellil symbolise la cohésion de la communauté dans un environnement difficile et véhicule les valeurs et l’histoire des Zénètes dans une langue aujourd’hui menacée de disparition. A l fois poésie, chant polyphonique, musique et danse, ce genre réunit un joueur de bengri , flute, un chanteur et un chœur. Ce dernier peut compter une centaine de personnes qui, soudées épaule contre épaule, exécutent un mouvement giratoire autour du soliste et lui donnent la  réplique en tapant dans leurs mains. Inscrit lui aussi.

Le théâtre des marionnettes « wayang » Indonésie :

Réputé pour ses marionnettes ouvragées et la complexité de ses styles musicaux, cette forme ancienne de narration a vu le jour sur l’ile indonésienne de Java. Pendant dix siècles ,le wayang s’est épanoui dans les cours royales de Java et de Bali ,ainsi qu’un milieu rural.Il s’est répandu dans le reste du pays où divers styles locaux d’interprétation et d’accompagnement musical se sont développés.Si ces marionnettes fabriquées artisanalement avec minutie sont de tailles ,de formes et de styles variables ,deux grands dominent :la marionnette en bois en trois dimensions « wayang klitik ou golék » et la marionnette du théâtre d’ombre ,plate ,découpée dans le cuir « wayang kulit » et dont la silhouette est projetée en ombre chinoise sur un écran. Le dalang, maitre marionnettiste, manipule les bras à l’aide de fines baguettes fixées aux marionnettes. Inscrit depuis 2008 au patrimoine immatériel de l’humanité.

 

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